De la réalité virtuelle pour entrer dans le réel
Entrer en contact avec une personne, visiter son domicile, explorer son intimité,… Ce sont là quelques-unes des tâches que les aides familiaux sont amenés à réaliser dans leur profession. Et s’il s’agit de moments-clés dans ce beau métier, ceux-ci requièrent une connaissance et une compréhension de ce public. Appréhender ce public et ses spécificités : tel est le but du projet pilote « Semaine de stage en réalité virtuelle » !
Poser un regard bienveillant sur la personne vieillissante et l’accompagner dans son quotidien … S’il parait clair que cette compétence est l’une des bases du métier d’aide familial, pour autant, elle n’est pas la plus évidente à développer. Lors des réunions avec les entreprises SAFA du territoire, le manque de maturité des élèves du secondaire, 5ème année principalement, a souvent été souligné. Le nombre de places d’accueil pour les stagiaires dans les entreprises SAFA étant limité, celles-ci accueillent en priorité les élèves de 6ème année.
Avec l’arrivée du PEQ (Parcours Enseignement Qualifiant en 3 ans), la problématique de la mise en stage des futurs aides familiaux s’est accentuée : dans un paysage déjà compliqué et saturé pour l’accueil en stage, que resterait-il comme place pour les élèves de 4ème année ?
Parallèlement au problème de « maturité » des élèves, les discussions du Pôle de Synergie ASD ont également relevé qu’envoyer des jeunes directement sur le terrain, c’était courir le risque de les effrayer par un contact prématuré avec les bénéficiaires et, in fine, les détourner du métier.
Avec l’association de la cellule SWITCH au sein du Pôle de Synergie et de Stéphane ADAM, ULiège, Professeur en Psychologie de la sénescence et du vieillissement, d’autres éléments ont été mis en avant comme le besoin crucial d’un accompagnement de la personne vieillissante à l’avenir pour le bassin, et la Wallonie de manière générale. De l’avis du Professeur Adam, au niveau des apprentissages théoriques, il estime que trop peu d’aspects de la vieillesse sont abordés dans les cours, public principal des aides familiaux. Quant à envisager une 7ème complément en gériatrie, qui permettrait d’obtenir le CESS, le professeur estime qu’aborder la compréhension de ce public aussi tardivement et de manière optionnelle n’est clairement pas suffisant pour armer les élèves.
Des nombreuses réflexions des différentes composantes du Pôle de Synergie et de leurs propositions de pistes d’actions, deux projets sont ressortis :
- La « création » d’une maison didactique : l’objectif serait de permettre aux élèves/apprenants d’avoir une vision actualisée et concrète de ce que représente l’exercice du métier d’aide familial à domicile actuellement (ce dernier a fort évolué au cours des dernières années) dans un lieu « en dehors » de l’école ou du centre de formation. Ce lieu de pratique pourrait pallier le manque de places de stage au domicile. L’équipe IBEFE a donc visité le site de la Maison provinciale de la Province de Liège du Canton de Hannut (Maison Grégoire) où s’organisent les sessions de Validation des Compétences. Ce lieu pourrait correspondre au projet. Une autre maison didactique pourrait voir le jour à Huy (plusieurs possibilités).
- La semaine de stage en réalité virtuelle pour permettre aux 4ème aide familial de vivre une semaine de stage particulière, sans alourdir le calendrier d’accueil en stage des 5 et 6èmes pour les entreprises SAFA. Celle-ci amènerait les élèves à se faire une image du public âgé sans être confronté directement aux bénéficiaires grâce à l’expérience à la fois ludique et douce, moins « effrayant », de la réalité virtuelle. De l’exploration d’un domicile à la confrontation avec des bénéficiaires aux réactions inattendues, les mises en situation leur permettront de développer un premier aperçu du métier et son public cible et leur donner l’envie de poursuivre la formation. Le projet doit être prêt pour février 2024, permettant aux écoles de tester le projet au printemps.
Deux projets porteurs de sens pour le métier d’aide familial mais pas uniquement pour ce seul métier : la maison didactique pourrait être fréquentée par un public plus large ; l’utilisation de la réalité virtuelle quant à elle pourrait même se dupliquer dans des secteurs tout à fait différents comme celui de l’industrie ou de la construction.
Pour en savoir plus, contactez Mme MASSAER, ibefehw[at]gmail.com